La technique du batik chez les H’mong au Vietnam : un art ancestral magnifique à découvrir
Le batik est une technique de décoration des tissus très populaire auprès de nombreux groupes ethniques asiatiques. Il s’agit essentiellement d’un procédé artisanal qui consiste à utiliser de la cire d’abeille fondue. La cire est employée pour peindre la surface d’un tissu, en couvrant l’endroit où la couleur originale du tissu doit être conservée, donc pas teint.
Une fois la cire appliquée, le tissu sera tout d’abord coloré avec des teintures naturelles et finalement plongé dans de l’eau bouillante. La cire d’abeille ainsi fondue révélera le motif qu’elle recouvrait au préalable.
Au Vietnam, les femmes H’mong sont très habiles pour décorer les tissus avec de la cire d’abeille. On peut observer différents motifs en batik sur leurs jupes, leurs robes et leurs porte-bébés. Chaque article confectionné à la main porte la fierté et l’amour des artisanes.
Frangipanier est heureux de vous présenter l’art du batik du peuple H’mong de la commune de Pa Co, district de Mai Chau, province de Hoa Binh et des H’mong de la commune de Che Cu Nha, district de Mu Cang Chai, province de Yen Bai au Vietnam.
Les outils et les matières naturelles utilisés pour le batik
Tissu : le tissu est soit en coton ou en lin. Tous les deux sont issus des productions locales des villageois, les fils de coton ou de lin sont filés et tissés à la main sur des outils traditionnels et ancestraux, en bois ou en bambou. Les tissus ainsi préparés sont ensuite lavés et aplatis contre une planche de bois plate à l’aide d’une canine de sanglier.
Stylo : le stylo pour dessiner le batik est un outil spécial ayant un manche en bambou. La pointe du stylo est constituée de deux petites pièces fines de cuivre, arrondies et lisses, qui se font face pour contenir la cire d’abeille chaude à l’intérieur.
Cire d’abeille : la cire d’abeille naturelle est recueillie dans les forêts voisines des villages.
Indigo : l’indigo est souvent planté dans les jardins des villageois, où le sol est relativement sec. Les plantes d’indigo sont généralement récoltées pendant la saison sèche et transformées en pâte pour la teinture des tissus batik.
Les dessins batik
Pour peindre, la cire d’abeille ne peut être utilisée qu’à l’état fondu. Ainsi, pour dessiner le batik, les artisans doivent toujours s’asseoir à côté d’un poêle à charbon de bois chaud sur lequel reposera le petit pot de cire d’abeille chaude, soit liquide. Ils utilisent le stylo, le plongent dans la cire d’abeille et dessinent les motifs souhaités. Parfois, les motifs de base sont déjà marqués sur le tissu. Une fois le dessin terminé, le tissu ressemble déjà à une œuvre d’art sophistiquée avec des motifs de cire brune sur fond blanc.
La teinture naturelle à l’indigo
Transformation de l’indigo : l’indigo est généralement récolté et transformé pendant la saison sèche. Les feuilles et les branches fraîches de l’indigo sont trempées dans un baril d’eau pendant plusieurs jours. Ensuite, les feuilles sont retirées et on y ajoute de la chaux en remuant. Un mélange d’indigo et de chaux se dépose au fond du récipient. Le liquide est versé et la pâte d’indigo restante est mélangée à de l’eau de cendre purifiée, du vin et diverses feuilles.
Teinture à l’indigo : pour obtenir une couleur bleu foncé profond, le tissu doit être teint plusieurs fois. Après avoir fait tremper le tissu dans le mélange indigo pendant un certain temps, les artisans le font sécher au soleil, puis continuent à le faire tremper et sécher. Le cycle de teinture peut durer des mois et se fait généralement pendant les journées ensoleillées. Lors du processus de teinture, les artisans doivent être très prudents, car si la cire d’abeille peinte est craquelée, l’indigo va s’infuser et rendre les motifs flous.
Chaque groupe ethnique a sa propre formule secrète dans le traitement de l’indigo. La teinture à l’indigo est très délicate et l’indigo est considéré comme ayant sa propre « âme », de sorte que des rituels particuliers sont parfois pratiqués.
Élimination de la cire et finition du produit
Une fois la teinture à l’indigo terminée et les tissus séchés, les artisans plongent le tissu recouvert de cire d’abeille et peint dans de l’eau bouillante. La cire d’abeille fond sous la chaleur de l’eau et se sépare du tissu. À ce moment, les motifs recouverts de cire d’abeille ressortent et reprennent la couleur originale du tissu, sur le fond indigo. Le tissu sera ensuite lavé, séché et prêt à être cousu dans les vêtements appropriés.
Un art ancestral magnifique que je vous invite à continuer de découvrir par le petit reportage photo ci-dessous…
en cliquant sur une photo vous entrez dans la galerie des images…