Rencontre avec des habitants H’mong de la commune de Lung Tam au Vietnam
La commune de Lung Tam est située à Quan Ba, un district montagneux de la province de Ha Giang au Vietnam, à la frontière avec la Chine.
Les H’mong de Lung Tam cultivent principalement du riz, du maïs et du chanvre (céréale) sur leurs champs en terrasses, ils élèvent des porcs et des poulets. Les hivers sont particulièrement rudes dans cette province du nord du pays et durant toute l’année les revenus en espèces font défaut aux communautés locales.
Depuis des temps très anciens, les H’mong au nord du Vietnam décorent leurs vêtements de motifs représentant leur culture et leur vie quotidienne. Le costume traditionnel de cette ethnie est célèbre pour la technique particulière du batik à la cire d’abeille et le tissage artisanal du chanvre. Les H’mong sont très fiers de porter leurs vêtements faits main et les jupes plissées des femmes sont considérées comme particulièrement belles. En admirant le batik élaboré par les talentueuses femmes H’mong, on reconnaît leur habileté et leur attention portée aux détails de ces magnifiques créations. Chaque batik est unique car il est le résultat de la créativité de son artisane et non d’un modèle ou guide.
Des vœux exprimés dans les motifs des vêtements
Une partie des vêtements des H’mong est confectionnée quelques mois avant le nouvel an lunaire en février. Les femmes peignent sur leurs vêtements des motifs qui vont exprimer leurs vœux pour la nouvelle année. Par exemple, un hameçon représente le souhait d’un mariage d’une jeune femme, une réunion familiale sera présentée par le symbole d’une maison. De plus, des motifs géométriques reflètent le respect des H’mong envers la terre, le ciel, les dieux ou encore les esprits.
Des tissus de chanvre qui symbolisent le respect
Lorsque les gens meurent, les membres de la famille les habillent avec un chapeau, des vêtements et des chaussures en toile de chanvre. Les femmes H’mong décédées sont vêtues de quatre jupes en chanvre. Les personnes qui assistent aux funérailles portent également des vêtements en chanvre, et les enfants montrent leur respect envers leurs parents en leur préparant des vêtements et du tissu bien avant leur décès. Les H’mongs utilisent également le tissu de chanvre dans le cadre de leurs cérémonies religieuses et l’offrent en cadeau de mariage. Une future mariée doit porter une jupe en chanvre offerte par sa belle-mère lorsqu’elle vient vivre dans la maison de son mari.
Le chanvre, une fibre naturelle solide et durable
Les fibres de chanvre utilisées pour le tissage des tissus ressemblent à de la paille, il est difficile d’imaginer qu’elles peuvent être transformées en un tissu solide et durable. Une fois la récolte du chanvre effectuée, plusieurs mois sont nécessaires pour transformer les fibres en une étoffe.
Une fois le tissu préparé et repassé, les femmes Hmong confectionnent le batik en utilisant la cire d’abeille fondue pour peindre à sa surface. Elles utilisent plusieurs stylos de bambou ayant à une extrémité une plume en cuivre. Elles plongent les stylos, appelés « tjanting », dans un bol de cire chaude placé sur un charbon de bois avant de dessiner les motifs traditionnels sur le tissu de chanvre blanc.
La teinture naturelle des tissus à l’indigo sur les motifs en batik
À ce stade, le tissu ressemble déjà à une œuvre d’art avec des motifs de cire marron sur fond blanc. Intervient alors l’étape de coloration avec l’indigo, couleur représentative des costumes H’mong. Celui-ci est fabriqué manuellement à partir d’ingrédients naturels extraits de l’indigotier, une plante très répandue dans les communautés H’mong. Les branches et les feuilles de l’indigotier sont hachées et mélangées à de la poudre de chaux pour en obtenir, après plusieurs jours de trempage, une sorte de pâte. Celle-ci est filtrée puis mélangée avec de l’eau de cendre purifiée et d’autres ingrédients naturels pour renforcer la couleur.
L’étoffe de chanvre peinte à la cire est plongée dans le bain d’indigo puis séchée au soleil. Cette opération est effectuée à plusieurs reprises jusqu’à l’obtention de la couleur indigo et de l’intensité désirées.
La cire refroidie et sèche résiste aux différents trempages en préservant la partie avec des motifs dans la couleur originale du tissu de chanvre (sous la cire d’abeille). Lors du séchage, une grande précaution est nécessaire afin de s’assurer que la cire ne craquèle pas, car sinon l’indigo va remplir les motifs et les rendre flous. Une fois la coloration terminée, le tissu est trempé dans de l’eau bouillante, la cire fond et révèle les magnifiques motifs.
Des habits décorés grâce à la technique d’appliqué
Les femmes H’mongs utilisent également une technique d’appliqué complexe pour décorer le col, les manches ou encore la ceinture de leurs vêtements. Des tissus de coton blanc et rouge sont généralement appliqués sur un fond noir. Le fil utilisé pour réaliser les points fins est tiré du tissu appliqué lui-même et ne peut donc pas être vu.
Un projet pour préserver les techniques traditionnelles
Consciente de l’excellent savoir-faire des femmes H’mong de la commune de Lung Tam, l’organisation équitable que soutient Frangipanier au Vietnam mène un projet dans cette région pour préserver les techniques traditionnelles.
Le projet offre entre autres une formation aux femmes H’mong en matière de gestion de groupe, de design et de développement de produits. Il sert également de lien pour introduire des produits dérivés de leur art ancestral de la teinture batik sur le chanvre pour le marché extérieur.
Grâce à la volonté des habitants de la commune de Lung Tam, à leur travail artisanal et au projet mené dans leur région, les H’mong vont continuer de préserver leur identité culturelle traditionnelle et à améliorer leurs conditions de vie.
Je vous invite aujourd’hui à venir à la rencontre de nos dames artisanes confectionnant de magnifiques tissus de chanvre avec la technique du batik dans leur petit village de Lung Tam au Vietnam.